Thomas Soulier. Le dirigeant de la société MOBIX mise sur l’innovation numérique et souhaite transmettre aux entreprises son goût pour la prospective et la créativité.
Thomas Soulier a toujours œuvré dans l’informatique et le collaboratif.
Sa première adresse mail date de 1993, son compte Skype de 1994. Aux balbutiements euphoriques de la bulle Internet, dans la deuxième moitié des années 1990, le Toulousain officiait pour Thales comme chef de projet multimédia, en Australie. Alors, il échangeait – à l’époque par fax – avec des collaborateurs en Inde et des clients aux États-Unis. Pas besoin de le convaincre du potentiel du digital et du web dans l’évolution des méthodes de travail et le fonctionnement de nos sociétés.
Pourtant, l’élément fondamental de sa pensée actuelle et de la stratégie de développement de sa société, Mobix, date de 2013.
«Il y a trois ans, j’ai eu la chance d’être speaker lors de la conférence TEDx à Toulouse, raconte l’entrepreneur. En la préparant, je me suis rendu compte de l’importance du numérique». Lors de sa prise de parole, sur le thème «Comment réinventer la mobilité», il a insisté sur la place essentielle du collaboratif et du numérique dans la mobilité de demain.
La réflexion de Thomas Soulier s’est structurée à ce moment précis et a influé sur l’évolution de son entreprise : initialement centrée autour de la mobilité physique, l’activité de Mobix s’est concentrée sur les données, via des technologies web et cloud. «Notre propos est l’amélioration des performances de l’entreprise par la gestion et le commerce», résume-t-il.
Données liées au processus de gestion (employés, logistique, industrie) et au processus commercial.
«Nous accompagnons donc nos clients dans l’utilisation des moyens digitaux», précise l’entrepreneur. «Nous vendons des projets sur mesure et accompagnons les dirigeants notamment par le conseil et la formation». Sa société compte aujourd’hui cinq équivalents temps plein, dont deux à Toulouse.
Ainsi, membre actif du Centre des jeunes dirigeants et administrateur de la Mêlée numérique – « des organismes qui apportent des perspectives, des angles d’attaque» –le dirigeant de MOBIX insiste sur la nécessité de se convertir au numérique.
«Ce qui est en train de se passer est, à mon avis, du même acabit que le passage de la machine à écrire à l’ordinateur. C’est donc une révolution de la façon de travailler», martèle le Toulousain.
«Deux entreprises qui ont un réseau sur le même secteur pourront travailler bien différemment. La transformation digitale permet à celle qui adopte les bons principes de base que sont le collaboratif, le cloud, la prospection digitale, de surperformer par rapport à son voisin d’en face qui fait le même métier, mais qui est toujours sur des modèles traditionnels».
En fait, le patron de Mobix a d’abord été recruté par Thales/Siemens pour un poste en Australie, à partir de 1997, avant de revenir à Londres en 2000 comme chef de groupe pour des projets informatiques internationaux. Ces expériences lui ont apporté «une vraie vision du collaboratif, aujourd’hui grandement facilité par le cloud». Il quitte donc son employeur en 2001 et commence une autre aventure. Salarié d’une start-up spécialisée dans les télécoms, il crée des filiales en Angleterre puis en Espagne. Ainsi, il devient directeur commercial Europe. Désireux de fonder une famille et attiré par un beau projet professionnel, Thomas Soulier revient en France en 2005. En huit années de vie à l’étranger, il a visité plus de 30 pays.
«C’est une expérience extrêmement formatrice qui m’a appris à regarder les choses différemment», assure-t-il.
De retour dans l’Hexagone, il travaille à nouveau pour Siemens, dans le marketing stratégique cette fois. Il devient donc responsable grands comptes. En 2010, attiré par le besoin de porter son propre projet, il fonde Mobix.
Gros bosseur, passionné par son activité professionnelle, l’entrepreneur Toulousain garde pourtant un peu de temps pour s’occuper de ses deux enfants, faire la cuisine, du vélo – pour «s’aérer la tête » – et lire.
«Je m’intéresse à la spiritualité et sa relation avec l’entreprenariat», explique-t-il.
«Cela m’amène à faire de la méditation et apporte du positivisme, de l’humanisme et de l’empathie».
Le dirigeant de MOBIX s’attache aujourd’hui à la mise en place d’une filiale de Mobix en Roumanie, où travaillent trois de ses employés. Elle devrait voir le jour en 2017 et contribuer au développement de l’activité de la société à l’international. Mais à terme, l’idée est de conserver une structure de dimension modeste.
«Je ne souhaite pas trop développer la taille de l’entreprise, c’est beaucoup de tracas», estime-t-il.
«L’objectif est davantage de porter les choses qui m’intéressent que de gérer tout un tas de choses, de personnes».
En fait, Thomas Soulier veut laisser libre court à sa créativité, «faire pousser des graines sur le changement du modèle d’affaires», et transmettre. Dans cette optique, il a commencé à publier en début d’année une collection d’e-books de vulgarisation du management digital, dont il a rédigé les trois premiers volumes. Mais il voudrait surtout partager sa vision du monde de demain par le biais de congrès, de séminaires. Sa participation à la conférence TEDx, composante essentielle de sa pensée actuelle, a laissé des traces.
«Mon rêve d’entrepreneur, ce serait d’être appelé pour faire une conférence dans une capitale mondiale».
Alexandre Wibart, La Gazette du Midi